Jésus, quand je te vois soutenu par ta Mère quitter ses bras,
Essayer en tremblant sur notre triste terre tes premiers pas ;
Devant toi je voudrais effeuiller une rose en sa fraîcheur,
Pour que ton petit pied bien doucement repose sur une fleur.
Cette rose effeuillée est la fidèle image, Divin Enfant !
Du cœur qui veut pour toi s’immoler sans partage à chaque instant.
Seigneur, sur tes autels plus d’une fraîche rose aime à briller ;
Elle se donne à toi, mais je rêve autre chose, c’est m’effeuiller…
La rose en son éclat peut embellir ta fête, aimable Enfant !
Mais la rose effeuillée, on l’oublie, on la jette au gré du vent…
La rose, en s’effeuillant, sans recherche se donne pour n’être plus.
Comme elle, avec bonheur, à toi je m’abandonne, petit Jésus !
L’on marche sans regret sur des feuilles de rose,
Et ces débris sont un simple ornement que sans art on dispose,
Jésus, pour ton amour j’ai prodigué ma vie, mon avenir ;
Aux regards des mortels, rose à jamais flétrie, je dois mourir !
Pour toi je dois mourir, Jésus, beauté suprême, oh ! Quel bonheur !
Je veux en m’effeuillant te prouver que je t’aime de tout mon cœur.
Sous tes pas enfantins je veux avec mystère vivre ici-bas ;
et je voudrais encore adoucir au Calvaire tes derniers pas…
Thérèse de Lisieux